Revue Théâtre/Public

La revue Théâtre/Public, créée par Bernard Sobel en 1974 est indépendante du Théâtre de Gennevilliers depuis juillet 2007.

Scènarts est chargé de la direction administrative et financière de la revue.

On peut trouver sur le site http://theatrepublic.fr/ tous les numéros disponibles à la vente, les formules d’abonnement et les sommaires des prochains numéros.

La revue Théâtre/Public est publiée avec le concours :
du Ministère de la Culture et de la Communication / la Direction Générale de la Création Artistique (DDGCA),
du Conseil Régional d’Ile-de-France,
du Centre national du livre,
de l’ANR – Agence Nationale de la Recherche,
de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense.

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La Ville de Gennevilliers, le théâtre2Gennevilliers apportent leur soutien à la revue Théâtre/Public. 

Nous continuons

Entretien avec Bernard Sobel, directeur de la publication, en décembre 2007:
« Alain Girault :
Donc, Théâtre/Public continue. Si Bernard Sobel n’est plus directeur du Théâtre de Gennevilliers, lequel a édité la revue de 1974 à 2007, tu en restes, sous le nom de Bernard Rothstein, le directeur de la publication. Comment présenterais-tu ce tournant ?
Bernard Sobel :
Mon premier commentaire, ce sera – parce qu’il concerne un “fond” sur lequel nous pourrons nous appuyer – de souligner le fait que, pendant tout ce temps, l’équipe du Théâtre de Gennevilliers a régulièrement considéré T/P comme une création de la maison, quasiment au même titre que les créations de spectacles.
S’agissant, chaque année, du programme des spectacles, les choix que nous faisions – textes que j’allais monter en collaboration avec Michèle  Raoul-Davis, metteurs en scène que nous allions inviter, productions que nous allions accueillir – ne se contentaient pas d’aligner, l’un après l’autre, les spectacles, mais cherchaient à donner à la saison, et au-delà à la maison, un visage. Avec, en arrière fond, la question qui, me semble-t-il, commande toute approche conséquente, responsable, de ce que j’appellerai la pratique artistique théâtre : comment rendre notre monde représentable ? Depuis… disons les Grecs, le théâtre, grâce à sa plasticité, a toujours su trouver sa fonction sociale dans sa capacité à détecter et à exprimer les multiples interrogations auxquelles l’Histoire confronte les hommes – les pays, les civilisations…
A.G. :
Et comment définir la place d’une revue dans la constitution de ce visage ?
B.S.
:
Certaines circonstances ont certainement joué leur rôle dans la naissance de T/P, mais, pour m’en tenir à l’essentiel, je dirai simplement que nous avons toujours considéré l’activité artistique, théâtrale en particulier, comme devant s’articuler à la réflexion sur les moyens et le contexte de cette activité ; et aussi comme devant s’inscrire dans un tissu d’échanges et de débats entre les praticiens, les critiques, les théoriciens, les philosophes et tous ceux qui font le(s) public(s). T/P, c’était – et ce sera – notre participation à ces échanges et débats sous la forme d’un outil, d’un dispositif mis à disposition du “monde du théâtre” de la façon la plus ouverte possible.
A.G. :
Septembre 1974 – octobre 2007 : au moment où T/P prend son virage, dans quelle mesure, justement, aura-t-il à changer de visage ?
B.S. :
Si j’essaie d’imaginer ce qui l’attend, le mot qui me vient à l’esprit – faut-il dire en contraste avec le “fond” d’appui dont je parlais à l’instant –, c’est fragilité.
D’abord, sans doute, la fragilité du monde dans lequel nous vivons. Ce n’est pas le mot auquel j’aurais pensé en 1974. Car enfin, aujourd’hui, l’espèce – quitte à paraître dérisoirement prétentieux, je revendique cette mesure du théâtre à l’aune du destin de l’espèce – est confrontée à des défis terribles, y compris même la possibilité, devenue nettement perceptible, de sa disparition.
Mais la fragilité, c’est aussi celle du théâtre lui-même, plus évidente qu’il y a disons quarante ans. Le temps n’est pas si lointain où il pouvait encore se poser en lieu d’expression et de représentation “naturel” d’un pays. Or aujourd’hui, évidemment, il y a le cinéma, la télévision, l’internet… et puis, résumant le tout, l’exigence de “popularité”, de succès à l’“audimat”…
A.G. :
Et quelle sera l’attitude de T/P, aux prises avec cette double fragilité ?
B.S. :
D’abord, il n’est plus lié à un lieu, à une institution. Ce qui, en quelque sorte, le fragilise, lui, au troisième degré ! Alors essayons d’y trouver paradoxalement une force. Ne serait-ce que celle du surcroît de liberté que nous donne désormais la perte de la relative sécurité constituée par l’abri du CDN. Ayons pour objectif de continuer à jouer, modestement mais avec allant, un rôle de carrefour des idées qui en valent la peine, des pistes à ouvrir, ou, à tout le moins, des esquisses de diagnostic les plus attentives possibles.
A.G. :
Concluons ce petit entretien-éditorial sur cette note… appelons-la optimiste. Je propose de la dédier aux trois nouveaux membres du comité de rédaction venus de l’équipe “Représentation. Recherche théâtrale et cinématographique” de l’Université de Paris X-Nanterre, puisque, de toute évidence, ils sont pour beaucoup – merci à eux – dans le « Nous continuons ». D’abord parce qu’ils ont su intervenir au moment où T/P se trouvait dans la mauvaise passe qui pouvait lui être fatale. Et, sous un angle plus large, parce que Jean-Louis Besson, Christian Biet et Jean Jourdheuil ont abondamment publié dans le T/P d’avant : leur arrivée aux honneurs de l’“ours” ne fait en somme qu’officialiser leur collaboration déjà ancienne.
B.S. :
Oui. Et j’ajouterai que c’était – c’est – plus largement un exemple d’association théâtre/université dont, à l’encontre de moult préjugés, il faut affirmer le bien-fondé. »

Bernard Rothstein-Sobel, directeur de la publication
Alain Girault, rédacteur en chef

Editorial du n°186-187 de la revue Théâtre/Public